Cueillir des amourettes pour sa belle.

Chacun le sait, les mauvaises herbes, plantes inutiles à l'homme, nuisent à la croissance des plantes cultivées. Il ne cessera de les éradiquer grâce au tri mécanisé des semences. Certaines sont menacées de disparition. Quel dommage ! Le monde des graminées est absolument fabuleux. Plus belles les unes que les autres, elles trouveront obligatoirement une place dans votre jardin. Il en existe de toutes les tailles, de toutes les couleurs et de toutes les formes. Mais il y en a une pour laquelle j'ai une affection particulière : l'amourette.

Pourquoi "amourette" ? Ses vaporeuses fleurs argentées en forme de cœur tremblent au moindre souffle d'air. C'est pourquoi, les paysans les appellent aussi « les tremblantes ». C'est une toute petite fleur qui adore le soleil et dont la tige peut atteindre 50 cm de haut. Souvent plantée dans les rocailles, elle fleurit de mai à août.

Elle est native du pourtour méditerranéen, originaire d'Afrique du Nord, des Açores, d'Asie occidentale et du sud de l'Europe. Elle se rencontre dans les lieux arides. Son nom botanique, "Briza maxima", lui a valu le surnom de "grande brize », Le terme «Briza » désignant en grec une sorte de seigle. L’Amourette se plaît dans les prés et au bord des chemins, parmi les autres plantes de la famille des Graminées. La Brize moyenne semble fragile, mais avec ses racines, cette graminée stabilise l’humus et limite l’érosion. Avant que la chimie n'envahisse nos champs, on la trouvait aussi parmi les épis de blé. Elle embaume lorsqu'on la fauche.

Bien qu'elle fournisse que bien peu de foin, les bestiaux, les moutons surtout, affectionnent son fourrage fin et délicat qui a malheureusement, tendance à disparaître, comme les orchidées sauvages à cause de la fauche précoce des bords de route. Les oiseaux, quant à eux, se nourrissent de ses graines tel un pain d'oiseau. Cette graminée ne se propage pas très vite mais se ressème facilement.

L'amourette est une jolie graminée qui donne un petit air de campagne à votre jardin, bien qu'elle y soit plutôt atypique. Même le Roi ne s'y est pas trompé ! Lui aussi en faisait cultiver dans ses jardins, tout en faisant attention à ne pas en planter à coté de ses ruches parce que le pistil de l'amourette rendait le miel immangeable à cause de sa forte odeur et de son goût amer. Particulièrement harmonieuse en tapis de sol, et surtout facile à entretenir, elle donnera vie à votre jardin tout en y apportant mouvement et légèreté. La plupart affectionnent une situation ensoleillée, bien drainée et modérément fertile. Ses épis changent de couleurs au fur et à mesure de leur maturité. A l’ombre, au soleil, en sol sec, humide, tout est possible, il suffit de choisir les variétés adaptées. Néanmoins, il faudra les tailler après l'hiver quand le feuillage est complètement marron et mort, pour permettre au jeunes pousses de repartir au printemps. Elles auront alors assez de lumière et de place pour se développer rapidement. Mais attention, cette plante est toxique !

A Bourg Saint Bernard, lors de la fête du pré de la fadaise, depuis 1211, tous les lundis de Pentecôte, les garçons sont tenus de porter ses dames au fond du pré et de les asseoir dans l'herbe. Elles ne se relèveront qu'après avoir concédé un bisou. On cherche alors l'herbe d'amour que l'on offre en gage de fidélité. En effet, très apprécié des dames, ses fluorescences sont très prisées dans la composition de bouquets secs. Par contre, pour les bergers, elle est l'emblème d'un sentiment léger et frivole, et malgré son aspect très décoratif, présenter un tel bouquet à sa maîtresse serait une injure. Le langage des fleurs est très explicite à ce sujet.

On a quelquefois proposé d'utiliser les graines en médecine : on prétend que sa racine prise en décoction apaise l'ardeur de la fièvre, on peut aussi faire bouillir les feuilles et les fruits avec un peu de chaud et de sucre, pour accélérer la guérison des plaies.

On se servira d'un élixir d'amourette pour qu'un groupe s'attelle à une tâche commune. Il aidera à résoudre les conflits de personnalité dans les réalisations de groupe.

Face à cette régression préoccupante, certaines régions ont d'ores et déjà mis en place des actions pour préserver nos plantes compagnes : Les plantes compagnes des cultures font partie de notre héritage depuis des millénaires, et leur intérêt est multiple. Les tolérer en bordures de champs tout en surveillant leur impact sur le rendement induit une économie d'herbicides... Elles permettent en outre de valoriser une agriculture respectueuse de l'environnement, et constituent un symbole fort auprès du grand public.